Une dissolution « coup de tête » de l’Assemblée Nationale, une campagne précipitée, des législatives, avec une « odeur présidentielle », des résultats prévisibles mais inattendus par le « pouvoir en place ». Le front républicain l’a emporté avec une seule consigne : le vote « contre ». Les gagnants en nombre d’électeurs sont les perdants et les perdants sont les gagnants. Quant aux « ex-majoritaires en nombre de sièges », ils n’admettent pas leur défaite et par définition n’ont pas perdus. La France est au pied du mur. La tâche est énorme dans un climat hostile. C’est dans ce contexte qu’un futur gouvernement sans majorité d’électeurs et de sièges (toutes origines et combinaisons confondues) va devoir faire semblant de faire quelque chose pour rassurer ses électeurs et tenter de séduire à terme des citoyens marginaux ou abstentionnistes en doute permanent pour conserver un certain ordre illusoire.
66,63 votants, 33,37% d’abstentions, 2,75% de votes blancs – source : CNews
A ne vouloir contrarier ou ne contraindre personne, on finit par rester figé. Il se dégage une image perçue d’impuissance et d’indécision. A cela, s’ajoutent les avis et les mises en garde, tombant trop souvent mal à propos, de la Cour des comptes, de la BCE, de la Commission européenne ou du FMI. Les agences de notation reviennent à la charge avec un nouveau déclassement pressenti. L’arbitrage final tarde souvent à venir. Il est autobloquant par nature mais n’échappera pas aux faits.
Comment parvenir à se faire une opinion ?
En fonction des "petites" phrases, des fuites "organisées", sans parler du "non-dit" interprété au gré de chacun, les rumeurs vont bon train. Les journalistes, les commentateurs et les éditorialistes, partisans ou non, des politiques engagées appuient ou contestent les différentes propositions des partis à la conquête du pouvoir au travers des élections. Ils affichent une mauvaise foi et une pseudo "langue de bois" aussi peu convaincante d’un côté comme de l’autre. Ex-majorité et oppositions n’en finissent pas de se rejeter la responsabilité de la situation, comme à l’accoutumée. Chacun ne veut voir que l’aspect négatif dans le point de vue de l’autre. Se faire sa propre opinion, à travers la presse et les médias est devenue aujourd’hui quasi-impossible. La démocratie élective, liée à un scrutin à 2 tours, est tout à fait contestable. Là encore, l’image du « tout va bien » des médias s’appuyant sur un « pouvoir en place » est essentielle.
Parler vrai, s’en tenir aux faits et préserver un commentaire : l’illlusion ! - montage : CE21
Une technique "bien rodée" au service de l’inaction
La querelle politique prend trop souvent le pas sur les problèmes de fond. Le souci de préserver l’opacité de notre système parlementaire sert de liant entre nos élus. La politique du « report à nouveau » ou du « projet à 20 ans » est dans les faits l’un des moyens de clore des débats qui n’ont pas encore eu lieu ou de remettre à plus tard l’absence de décision, surtout quand le pouvoir manque d’idées concrètes consensuelles. L’Exécutif trouvera les arguments nécessaires pour présenter un projet de réforme, flattant l’opinion publique, en référence à un proverbe bien connu : "l’intention vaut l’action". Après de multiples « essais médiatiques », lorsqu’une décision est prise, c’est l’effet d’annonce qui prend le pas. La dette et son déficit servent de toile de fond et sont souvent prétexte à l’immobilisme.
Des projets de loi pour la forme : en report à nouveau ou à échéance à long terme
Cependant, des suppressions vont être votées, des projets de loi vont être élaborés avec plus ou moins de discrétion pour apprécier les retours politiques et les freins de l’opinion publique. Enfin ils seront présentés à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, conformément à un calendrier précis après discussion en commissions avec le nombre d’amendements nécessaires. Le texte final est adopté, édulcoré trop souvent de l’essentiel. L’objectif est de ne pas déplaire. La mise en scène se complète avec le Sénat autour d’une commission mixte paritaire. Quant à la publication des décrets d’applications au Journal officiel, il faut être patient. Entre l’intention, l’annonce, le projet de loi, l’adoption et l’application, cela oscille entre 1 à 3 ans. La mise en œuvre peut dépasser la durée du mandat. En fonction de l’importance du projet, la réalisation peut dépasser les 10 ans, sans parler des années de retard, et du coût multiplier par un facteur allant de 3 à 5 parfois au minimum. Encore faut-il savoir que des lois votées n’ont toujours pas et n’aurons jamais de décrets d’application. Cela reste un dernier recours pour tromper l’opinion.
Une nouvelle assemblée face à des milliers de procédures conflictuelles ! – montage : CE21
Quand la politique politicienne tient le haut du débat, c’est le désordre !
Le tout se déroule à l’affût, de partenaires sociaux, patronat et syndicats, au regard d’une opinion publique inquiète en perte de confiance, ignorant une opposition totale, majoritaire en nombre d’électeurs, tous groupes confondus. Tous sont en attente de résultats. A chaque instant arrive le temps des décisions et des actions. L’arbitrage final tarde souvent à venir. Il est autobloquant par nature. C’est le désordre et la réussite de l’échec. Or le seul enjeu, c’est la France. Nos responsables politiques sont loin de nous laisser paraître qu’ils en ont toujours conscience dans le passage à l’action. Le seul objectif de ces « battus », être élus, réélus ou être maintenus dans les couloirs du pouvoir. L’inaction prédomine. La suite dans les mois qui viennent…
Jacques Martineau