Oser parler d’emblée d’augmentation du temps de travail pour faire des économies, réduire le déficit et en conséquence la dette de la France, ce n’est pas sérieux. Que l’on juge que le temps de travail est insuffisant est une chose. Que l’on veuille améliorer la performance en est une autre. Souhaiter accroître l’activité, augmenter la croissance, le PIB et les recettes de l’État pour faire croître le PIB, pourquoi pas ? Mais pour ça, il faut réduire le temps perdu. Si l’efficacité est essentielle, c’est l’efficience qui a besoin d’être développée.
Une durée moyenne de présence au travail déjà de 38,9 heures à ne pas oublier – source : Institut Montaigne
Cette idée d’augmentation du temps de travail n’est pas récente. On n‘a jamais cessé d’en parler depuis l’installation des 35 heures. Le refrain revient régulièrement. « On augmente, on réduit, on maintient le temps de travail » à chacun sa vérité. D’aucuns oublient que les premiers pas sous la Vème République se faisaient à 45h par semaine, puis 40h et très vite à 35h. Un slogan qui a aussi fait son temps : « en réduisant le temps de travail, on crée de l’emploi … » On voit le résultat…
Évaluation du temps perdu !
Le premier effort à faire est de rattraper le temps perdu. Pour les « dirigeants » de grandes sociétés, comme pour les « patrons » de petites et moyennes entreprises, c’est le gâchis de temps de travail qui est le plus important des handicaps. La haute administration, la fonction publique et la multiplication des organismes et des agences contribuent à ce gâchis.
Éviter les contacts, les réseaux et les réunions inutiles – montage : clubespace2.fr
Pour les plus grandes entreprises, incluant les EPIC, on compte 25% de pertes sèches inopportunes (réunions, déplacements, fréquence, retards, réseaux sociaux, etc.) La non-adaptabilité au poste de travail (manque de formation, âge, etc.), comme le trop-plein de postes inutiles (structures et organisation), s’évaluent à hauteur de 12%. S’ajoutent l’absentéisme naturel ou provoqué facilement chiffrable et le sous-emploi des disparus de l’entreprise (10%). Au total, avec 47% de perte, c’est 53% du temps qui est utilisé efficacement au travail. Pour compenser ce manque d’environ 10% pour être plus performant, un surcroît de travail donc d’efficacité indispensable. Le temps de présence dépasse depuis des années les 35h pour s’élever à 38,9h en moyenne, également dans les grandes entreprises publiques. Pour atteindre les objectifs, ce seront des dépassements d’horaires, et un travail stressant de chaque instant correspondant à un ensemble comptable au moins égal aux 100% légaux. Le tout sera compensé par des aménagements d’horaires, des heures supplémentaires, des compensations, des RTT, des primes, etc.
De l’efficacité à l’efficience…
A l’impossible nul n’est tenu. Le temps de travail effectif maximum pour les « grands ensembles » les plus performants, est de l’ordre de 65% avec un taux de présence supérieur aux 35h. Les 35% restants servent en principe à une forme de temps disponible à gérer par le collaborateur. De 53% à 65%, il existe une marge d’amélioration de l’ordre de 10%. Le passage de l’efficacité à l’efficience conduit à la performance, qui va faire la différence. Un management d’expérience saura optimiser l’organisation du travail et de la gestion du temps pour atteindre la performance. A noter que les entreprises de tailles intermédiaires (ETI) se retrouvent dans cette évaluation. Pour les petites entreprises (10 à 49 salariés), le temps réel consacré au travail est de 58%. La marge de progrès est voisine de 7%.
Avec un temps maximum de travail productif de l’ordre de 65%, Une comparaison intéressante – source : club Espace 21
Dans tous les cas, une amélioration sensible de l’efficience, même de quelques pour cent à une retombée directe sur l’activité de l’entreprise, son chiffre d’affaires, son résultat net et ses bénéfices. Ce plus se traduit par de nouvelles embauches, sans parler d’un retour vers les salariés.
En revanche pour l’administrative publique, l’évaluation est plus délicate à cause de la diversité des tâches, de la nature de la gestion, du temps de présence. La notion de moyenne ne peut être interprétée comme généralisable. Le temps est de 55%. Pour les agences et organismes de faible taille, il approche les 60%. Les marges de progrès ne sont malheureusement jamais exploitées, d’autant qu’au départ, le handicap est de l’ordre de 10% avec un horaire hebdomadaire de 33h/semaine dans souvent des cas. Même si le dépassement de temps de travail est très fréquent pour une partie des fonctionnaires les plus motivés. Cependant la moyenne générale active est plus faible que dans le privé et très difficile à stimuler.
Alors s’attaquer au gâchis en réduisant le temps perdu, pour être plus performant et retrouver la croissance, est la priorité avant de parler d’augmenter le temps de travail !