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Epilogue : comment espérer retrouver la confiance ?

Interview de Jacques Martineau (Club Espace 21)

Nous avons souhaité interroger Jacques Martineau sur sa perception actuelle en matière économique et sociale en France. Bientôt, en fin de mandat présidentiel, la situation reste incertaine et la réduction du taux de chômage comme le retour à l’emploi sont toujours à l’ordre du jour.

Club Espace 21

Comment et avec quels moyens peut-on imaginer possible de retrouver la confiance à terme dans le contexte actuel ?

Avant d’entrer directement dans le vif du sujet, je voudrais préciser dans quel contexte nous nous trouvons. L’actualité nous entraine au quotidien à évoquer en priorité la guerre au Moyen-Orient, le terrorisme et l’insécurité en France. Rajoutez à cela, l’élection aux Etats-Unis, l’Union européenne avec le Brexit et ses incertitudes.

Désormais, les préoccupations franco-françaises se tourneront vers la prochaine élection présidentielle avec ses primaires, ses surprises et ses aléas, sur fond de crise sociale latente avec un chômage persistant. Le pessimisme finit par servir d’unique toile de fond à tous nos propos et ne peut que masquer la réalité des « défis à relever » en matière de progrès pour les années à venir.

Vous parlez de « défis à relever » ? Dans le contexte actuel en France, il est vrai que cette terminologie s’apparente à un « lieu commun » et porte à confusion ?

Ne nous trompons pas sur la nature et l’ampleur du combat que nous avons à mener. La France, comme la plupart de ses partenaires des pays industrialisés, est confrontée à un défi majeur, et ce, dans un contexte international, économiquement et politiquement incertain, en plein rééquilibrage. Il s’agit pour nous de sortir avec habileté et le plus rapidement possible d’une situation sans issue où productivité et compétitivité sont devenues synonymes de chômage et de sous-emploi. L’immobilisme, c’est-à-dire continuer à ne pas résoudre avec détermination le problème sur le fond, peut conduire à terme à une décomposition du tissu social et à des troubles graves.

Au delà du constat partagé et de votre volonté d’en sortir, comment faire ?

Pour y parvenir, nous avons des atouts et des raisons d’espérer. Car la France n’est pas sans ressources technologiques, économiques, culturelles et sociales. Elle est riche de son histoire, de son patrimoine, de son savoir-faire, de ses réalisations, de sa culture, de son influence et de sa position reconnue sur l’échiquier international. Cette richesse tient aussi et surtout à nous, à la diversité de nos formations à entretenir et à développer, de nos identités dans l’action, à nos contradictions, à notre esprit critique et créatif, ainsi qu’à notre capacité individuelle et collective à nous mobiliser, à entreprendre, à réagir et à être solidaires...

La formation, une solution à bien maîtriser – source : Le Monde



Mais encore, plus concrètement ?

On ne partage pas la pénurie. A nous de transformer ces atouts en richesses en développant de nouvelles activités. Nos marges de progrès en termes de compétitivité, créatrices d’emplois, sont considérables. Au delà de nos secteurs industriels toujours à développer et à valoriser, des gisements d’activités, à forte valeur ajoutée, sont accessibles dès maintenant et ne demandent qu’à être exploités surtout dans nos très petites, petites et moyennes entreprises. Nos chances de réussite se trouvent autant dans notre détermination et notre capacité à relancer l’activité, partout et sous toutes ses formes, que dans l’amélioration de notre efficience au quotidien.

Vous croyez que cela peut se faire sans problème ? Sans changer les mentalités ?

Devant de tels enjeux, des solutions concrètes sont à trouver et à élaborer ensemble, avec pragmatisme, audace et réalisme, en y mettant les moyens nécessaires et suffisants. Elles ne pourront contenter tout le monde. Les choix seront douloureux pour certains et les décisions difficiles à prendre pour d’autres. Au-delà des antagonismes et des obstacles, il faudra combattre l’immobilisme et apprendre à partager le pouvoir pour agir efficacement en redistribuant autrement les produits de la croissance à venir.

Ces solutions passeront inévitablement par de nouveaux comportements et par des façons d’entreprendre inédites, probablement en travaillant mieux autrement et ensemble. La formation est un atout clé de ce retour à l’emploi. On ne change pas les mentalités, elles évolueront. Toutes ces transformations s’inscriront dans une approche sociale différente autour d’un projet de société à la fois plus individuel et plus solidaire qui aura redéfini ses valeurs et trouvé de nouveaux repères.

Vos propos qui s’apparentent à des souhaits verront-ils le jour ?

Essayons de faire en sorte que cette crise multi facette, nationale et internationale, que nous subissons tous, dans la mesure où nous saurons en sortir progressivement à la fois seuls et avec nos partenaires, soit en fait une chance pour la France. Sans doute que nous vivons une période charnière de profonde mutation. Le passage tant annoncé à l’ère post-industrielle, à celle de la valorisation du savoir et de l’être, de l’environnement, de la production immatérielle, et de la communication directe est engagé. Dans tous les cas, sans objectif clair à terme, par manque de référence ou de modèle, cette transition vers le futur, lente à l’échelle de nos préoccupations quotidiennes, se fera d’un pas hésitant.

Interview réalisée par Club Espace 21

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