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DUO FRANCE – ALLEMAGNE : LA FIN D’UNE ILLUSION

Et si l’Allemagne n’avait jamais été un modèle à suivre ?

Après la profonde réforme de Gerhard Schröeder, l’Allemagne et ses dirigeants, pour l’essentiel Angela Merkel, ont profité de cette remise en place, sans particulière modification. Depuis toujours pour s’affirmer dans le contexte européen, l’Allemagne s’est efforcée de tenir à distance ses concurrents. Le développement s’imposait pour un pays, affranchi par les traités du coût d’une politique de défense et d’une part importante de réduction de sa dette pour la réunification Est-Ouest du pays.

Les 3 axes de la politique allemande

1er axe - La production d’électricité dépend de 3 sources : depuis plus d’une dizaine d’années, la chancelière Angela Merkel, sous influence de sa coalition, a développé une politique anti-nucléaire. L’Allemagne s’appuie sur des « centrales à charbon » ; le « gaz russe » importé (Nord Stream 2) ; le « complément renouvelable » (champs d’éoliennes marines et panneaux solaires). L’« énergie nucléaire » sera définitivement en extinction en 2024. La fourniture de gaz dépendait de l’étranger. Dans le cas précis, il s’agissait d’une entente cordiale et précieuse entre l’Allemagne et la Russie.


Avant la guerre en Ukraine : entre 35 à 55% de gaz importé de Russie en Allemagne – source RTL info

2ème axe - L’exportation d’une part importante de ses produits industriels vers la Chine  : pour exemple le soutien et le développement de son industrie automobile, avec sous-traitance de ses produits manufacturés et dérivés dans les pays de l’Est de l’UE (coûts salariaux réduits). Montage final en Allemagne (qualité, sécurité). Promotion d’un haut savoir-faire avec investissements d’usine à l’étranger pour des gammes privilégiées, appréciées par ses premiers clients, la Chine et les États-Unis, le Moyen-Orient et les pays européens les mieux lotis.


L’Allemagne est le meilleur fournisseur et client de la Chine dans l’UE

3ème axe - La protection américaine en matière de défense avec l’OTAN. Depuis la création de l’Allemagne, après la deuxième guerre mondiale, elle faisait partie des pays désarmés. L’effort de protection militaire était sous tutelle des États-Unis et progressivement sous-couvert de l’OTAN. Comparativement à la France, le % de PIB de l’Allemagne consacré à la défense était limité et très faible. En une quarantaine d’années, le différentiel entre les dépenses de défense France-Allemagne dépasse les 450 Md€. Après la chute du mur de Berlin, le traité de Maastricht, les protecteurs sont les Etats-Unis et l’OTAN, une sécurité garantie.

La crise économique et la guerre en Ukraine bouleversent la « donne »

1/ L’approvisionnement en gaz russe c’est fini (guerre, sanctions économiques et destruction de Nord Stream 2). Cette situation modifie la nature et l’origine de la ressource énergétique. L’invasion de l’Ukraine a bouleversé l’équilibre allemand en matière énergétique. Avec les consignes occidentales et les contraintes de l’OTAN, l’Allemagne subit la pénurie de plein fouet. Le seul palliatif conduit à une dépendance quasi-totale au gaz naturel liquéfié (GNL) sous la houlette totale des États-Unis. Un gaz de schiste qui ne dérange plus les « écologistes ». Les usines de transformation du gaz sont déjà en route.

2/ L’exportation vers la Chine est en baisse (stratégie et économie). Pékin n’a plus les mêmes taux de croissance. Sa politique économique est plus difficile à apprécier. Le régime de Pékin ne peut plus se contenter d’importer sans compter et d’oublier le contexte international, avec la guerre en Ukraine. Les exportations allemandes vers la Chine n’ont peut-être plus le « vent en poupe ». Que peut-il se passer si les produits chinois se trouvent à leur tour en difficulté ou en manque sur les rayons occidentaux ? Contraintes et sanctions masquées seraient-elles à l’étude ?

3/ La guerre entre l’Ukraine et la Russie modifie la « donne » en matière de défense. Elle est assimilable à un conflit armé Est-Ouest, pour les pays de l’Union européenne. Aides et fournitures d’armements confirment cet engagement dans le cadre de l’OTAN. Les coûts engendrés par la guerre en Ukraine ne sont plus supportables par les Etats-Unis à l’avantage des pays de l’OTAN. Chacun devra désormais prendre sa part. L’Allemagne ne peut plus se dérober. Elle doit s’impliquer dans la constitution de son propre système de défense. Les dépenses qui vont l’accompagner sont très importantes, surtout pour compenser son retard.


La République fédérale d’Allemagne a décidé de poursuivre sa route en solitaire sous couvert de L’Union européenne, soutenue et protégée par les États-Unis – source Les Échos

Sous contrôle de l’UE : conséquences dans les relations Franco-Allemande

La Chine va continuer à fournir l’Europe en matière de produits industriels, automobiles, etc. (exportation et investissement sur le continent). L’Allemagne conservera un certain équilibre commercial, moins lucratif. De son côté, la France en dépend, excepté pour la fabrique de batteries et de véhicules à petite échelle.

Sur le plan de la défense peu de changement stratégique, et, pour les équipements, ce sont les américains qui dominent au travers de l’OTAN, surveillance, protection et fourniture de matériels. L’Allemagne va payer. La France, puissance nucléaire n’est pas concernée, sauf pour son marché militaire à l’exportation dans l’Union européenne. Elle est marginalisée et c’était déjà fait.

L’approvisionnement et la production d’énergie électrique, sont une source de conflit majeur. Difficile d’admettre que l’Allemagne fasse mine d’ignorer son retard en matière de production électrique. Les faits montrent qu’elle ne se contente pas d’une attitude passive. Par ses actions discrètes, non seulement l’Allemagne perturbe le marché, mais elle a un objectif clair affaiblir l’industrie française et EDF qui lui font concurrence avec le nucléaire. Un prix européen de l’électricité, aligné sur le prix du gaz : c’est un scandale.


Quant au duo franco-allemand, il n’y a que les politiques au pouvoir et la presse pour l’imaginer

Il n’y a jamais eu de couple franco-allemand. Avec la complicité de l’Union européenne, ce n’est pas le chancelier Olaf Scholz qui dira le contraire. Madame Van der Leyen et la Commission à Bruxelles qui ’imposent. Nos politiques laissent faire. Ils ne peuvent plus nous faire croire le contraire.

Jacques Martineau

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