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Statistiques : les limites d’un comparatif abusif en économie…

Assez de vouloir faire dire aux chiffres ce qu’ils ne contiennent pas !

Les taux, les indices, les données pondérées, les tendances relatives, les analogies comparatives alimentent les statistiques qui pullulent, au point de ne plus rien y comprendre. Ces multitudes de chiffres sont reprises dans la presse écrite et, plus généralement suivant leur importance, dans l’ensemble des médias et de l’audiovisuel. Ils sont issus de communiqués économiques, provenant eux-mêmes de rapports ou d’informations, officielles ou officieuses, distillées sur le « web ».

Aller comparer les situations économique et financière du Luxembourg, de Malte, de l’Irlande avec celles de L’Allemagne, de la France, de l’Italie et de l’Espagne n’a aucun sens. Qu’ont à voir les indices de l’Argentine avec ceux de l’Afrique du Sud, du Sénégal, du Mali et de la Tunisie ? Qu’en dirait-on si cette comparaison allait jusqu’à la Chine, l’Inde et le Bengladesh !

Les politiques en usent et en abusent. Ils sont assistés par une kyrielle d’experts dans tous les domaines en quête de trouver le « bon » angle d’attaque pour faciliter l’expression destinée à la base électorale qu’il n’est pas difficile de convaincre. Les simples « non-dit », « oubli volontaire » ou « nenni » sont autant d’artifices dûment utilisés qui préservent le propos de l’auteur du qualificatif de « mensonge ».

Des données difficiles à interpréter et à comparer

Des données en tous genres, en provenance de grandes instances ou d’organismes, nationaux ou internationaux, nourrissent l’information de statistiques, d’indicateurs et d’index en tous genres, non interprétables, parce que trop souvent non comparables. Indépendamment des indices boursiers, les plus répandues de ces informations concernent en général les taux de croissance, de chômage, d’inflation. D’autres caractérisent le crédit à court et long terme, comme aussi le déficit et la dette. Toutes ces statistiques peuvent se décliner sous différentes formes. Les plus pertinents sont identifiés sous le vocable d’« index de référence ».

L’ensemble des pays de l’OCDE, pour ne citer qu’eux, cherchent en permanence à se situer par rapport à leurs partenaires dans le contexte économique mondial. Munis de tableaux de bord, du plus banal au plus sophistiqué, chacun tente de fournir des données conformes destinées à s’intégrer dans un comparatif entre États aux normes et aux présentations internationales dûment élaborées. C’est ce comparatif qui a des limites et qui peut avoir de lourdes conséquences.

Organismes nationaux et internationaux sont sur le « pont » – montage : clubespace21.fr


Les spécialistes et les instituts nationaux ou internationaux en charge de la mise en forme de ces statistiques vont, en distillant l’information, satisfaire ou affoler les politiques et les suiveurs naturels, majorité ou opposition. La comparaison permanente de ces chiffres, donnent souvent lieu à de vifs débats. Politiques, éditorialistes et journalistes se délectent ou se lamentent suivant les résultats eu égard à leur intérêt et à leur sensibilité. Chacun y voit là l’occasion de taxer l’information de « fake news » et d’allouer sa propre interprétation comme seule garante de la « vérité ».

Comparaisons côté « brut » des index de référence

Les chiffres des index de référence, comme les ordres de grandeur, pour comparer l’ensemble des données utiles, voire indispensables à la prise de décision, doivent être à nouveau repensés avant d’être interprétés. Pour exemple, il suffit d’en citer quelques-uns qui caractérisent l’évolution économique et financière, comme la croissance, le déficit, la dette/PIB, les emprunts, la balance commerciale, l’indice des prix, l’inflation, le taux de chômage, etc.

Le jeu permanent de l’interprétation des chiffres – montage : clubespace21.fr


Le taux de croissance et la dette/PIB demeurent les principaux index de référence comparatifs. Si de base, ils ont un sens, ils sont difficilement comparables d’un continent à l’autre (Europe, Etats-Unis, Asie, Amérique du nord, Amérique du Sud, Afrique et Océanie).

La comparaison côté « Brut » s’arrête pour l’essentiel à ces quelques index fondamentaux normalisés. Les natures des écarts entre les États sont telles que leur évaluation respective ne peut pas se résumer à une simple « règle de trois » technocratique. Le constat montre qu’ils demeurent superficiels côté « Brut » pour juger de l’économie réelle d’un pays. Ils ont atteint leur limite comparative !

Côté « net » : la comparaison n’a plus de sens !

A quoi rime une moyenne en guise de comparatif entre pays riches et pays en voie de développement ? A l’intérieur de l’Union européenne, c’est le même problème. Les écarts globaux entre les pays sont trop importants pour oser faire des comparaisons. En plus, la mention « dans ou « hors de » la zone euro rajoute à la confusion ! Trop de paramètres intrinsèques et extrinsèques disqualifient la lecture de simples comparaisons arithmétiques. Cela qualifie le côté « net » ! En effet au niveau de chaque État, des indicateurs plus précis vont permettre d’apprécier les particularités et les contraintes du milieu concerné dans son environnement économique, social, financier et administratif.

A l’intérieur d’une même entité comme l’Union européenne la notion de moyenne est déjà à prendre avec précaution. Si celle-ci n’a de raison que pour satisfaire aux critères de Maastricht, côté « brut », cette notion ignore la diversité des obstacles et les propres identités. Le côté « net » se doit de tenir compte de la nature de leur gouvernement, des différences de tailles (géographie, population, démographie, religion, immigration), de cultures, de moyens financiers, économiques et sociaux. Sans oublier le reste, la part d’investissement dans la recherche et l’innovation, l’industrialisation, la capacité de défense, l’influence et la position à l’international, etc.

C’est l’évolution des indicateurs côté « net » qui est déterminante

Alors comment doit-on réagir devant toutes ces moyennes et ces données, ressassées à saturation à la « Une » de la presse et des médias ? Qui est en mesure d’en révéler la pertinence ? En réalité, seules les variations et les dynamiques des changements, dans un sens ou dans l’autre, influencent les indicateurs côté « net », plus proches du terrain. Ce sont elles qui auront des conséquences sur les index côté « brut ». Les politiques, comme certains experts, ont souvent tendance à l’oublier. Le livre de Jérôme Fourquet, « l’Archipel français », en est un parfait témoignage.

Ce sont les « bourses » qui tiennent le « haut du panier » - montage : clubespace21.fr


Sur fond de mondialisation, avec des règles libérales favorisant le libre-échange et la politique de l’offre, les pays « occidentaux », au sens large du terme, vivent désormais en permanence une complète mutation numérique de la société avec un bouleversement des données financières, économiques, sociales et culturelles qu’accompagne un formidable progrès technologique. Le tournant amorcé depuis plus d’une décennie a pris corps et les changements profonds s’accumulent. Ils ne cesseront de se multiplier.

Sous couvert de protéger leurs objectifs et les enjeux nationaux, la plupart des dirigeants n’a de cesse que d’en vanter les avantages de leur choix qu’ils ont du mal à maîtriser pour satisfaire aux index comparatifs du côté « brut ». Ils ignorent ou font mine d’ignorer les indicateurs côté « net ». Au mieux, ils tenteront de s’en accommoder.

En économie, l’un des seuls atouts pour sortir de ces ambiguïtés permanentes, c’est d’éviter d’utiliser en permanence le comparatif !

Jacques Martineau

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