Chaque année, le constat s’aggrave. La France des « oubliés » ne cesse d’être un mal qui s’étend dans la France profonde sans aucune chance de retour. La dégradation du milieu économique, social et culturel touche des ensembles de communes de banlieue, de zones périphériques et de territoires de campagne.
Ces milliers de communes et de villages en déclin, témoignent de l’ignorance bien entretenue de ce mal chronique de déclin progressif des moyens, d’absence de services (écoles, transports, petits commerces, poste, premiers soins médicaux et sociaux) et de réseaux de communication.
Avec la baisse de sa jeunesse et de sa population active, ce mal ne cesse de détruire la ruralité en la privant de croire en l’avenir et à son développement. Le renoncement à renouveler leur mandat d’un grand nombre d’élus locaux, maires et conseillers municipaux, confirment les conséquences de cet abandon programmé.
Le caractère officiel du non-dit, assimilé à de l’ignorance, n’échappe plus à personne. C’est ce que dénonce Gauvain Sers, ménestrel creusois, qui cible de façon remarquable un constat partagé dans sa chanson Les Oubliés.
On a choisi de vous transmettre la force de ce message d’alerte de besoin de vivre… Profitez des paroles et de la vidéo de la chanson des Oubliés
Club Espace 21
Gauvain Sers – Les Oubliés – source : Le Figaro
Les Oubliés
Devant le portail vert de son école primaire ;
On l’reconnaît tout d’suite ;
Toujours la même dégaine avec son pull en laine ;
On sait qu’il est instit ;
Il pleure la fermeture à la rentrée future ;
De ses deux dernières classes ;
Il paraît qu’le motif c’est le manque d’effectif ;
Mais on sait bien c’qui s’passe ;
On est les oubliés ;
La campagne, les paumés ;
Les trop loin de Paris ;
Le cadet d’leurs soucis
À vouloir regrouper les cantons d’à côté en 30 élèves par salle ;
Cette même philosophie qui transforme le pays en un centre commercial ;
Ça leur a pas suffit qu’on ait plus d’épicerie ;
Que les médecins se fassent la malle ;
Y a plus personne en ville, y a que les banques qui brillent dans la rue principale
Un regard pertinent sur la France profonde des « autres » - montage : clubespace21.fr
On est les oubliés ;
La campagne, les paumés ;
Les trop loin de Paris ;
Le cadet d’leurs soucis
Qu’il est triste le patelin avec tous ces ronds-points ;
Qui font tourner les têtes ;
Qu’il est triste le préau sans les cris des marmots ;
Les ballons dans les fenêtres ;
Même la p’tite boulangère se demande c’qu’elle va faire ;
De ses bon-becs qui collent ;
Même la voisine d’en face elle a peur, ça l’angoisse ;
Ce silence dans l’école
On est les oubliés ;
La campagne, les paumés ;
Les trop loin de Paris ;
Le cadet d’leurs soucis
« On est les oubliés, la campagne, les paumés… » - montage : clubespace21.fr
Quand dans les plus hautes sphères couloirs du ministère ;
Les élèves sont des chiffres ;
Y a des gens sur l’terrain, de la craie plein les mains ;
Qu’on prend pour des sous-fifres ;
Ceux qui ferment les écoles, les cravatés du col ;
Sont bien souvent de ceux ;
Ceux qui n’verront jamais ni de loin ni de près ;
Un enfant dans les yeux ;
On est les oubliés ;
La campagne, les paumés ;
Les trop loin de Paris ;
Le cadet d’leurs soucis ;
On est troisième couteau ;
Dernière part du gâteau ;
La campagne, les paumés ;
On est les oubliés
Devant le portail vert de son école primaire ;
Y a l’instit du village ;
Toute sa vie, des gamins ;
Leur construire un lendemain ;
Il doit tourner la page
On est les oubliés...
Gauvain Sers*
Écoutez à nouveau Les Oubliés avec un simple clic
* Source : LyricFind
Paroliers : Gauvain Thibaut Sers
Paroles de Les oubliés © Universal Music Publishing Group
Gauvain Sers, auteur-compositeur-interprète
Né le 30 octobre 1989 à Limoges
Ingénieur : École normale supérieure
d’électrotechnique, d’électronique, d’informatique
d’hydraulique
Label : Fontana Records