Interroger quelqu’un sur l’Europe, sur l’Union européenne (UE) et ses structures est un exercice difficile. Le schéma général européen suscite déjà la confusion. Et pourtant, tous les gouvernants, fondateurs et partenaires, gérants de cette « organisation » ont tenté au fur et à mesure de développement de limiter le « désordre » et de faire entrer leurs décisions dans des directives communes. Mais la complexité de cette structure internationale est telle qu’elle finira par générer ce qu’elle est censée combattre (cf. 2ème partie, à paraître courant juillet).
Dans une première partie, c’est ce montage technocratique et ses acteurs qui sont décrits comme une structure auto-organisationnelle, agissant selon sa propre logique. L’UE est un très bel exemple de complexité qui ne peut que croître irrémédiablement. C’est la raison pour laquelle, l’UE ne peut que se voir appliquer le deuxième principe de la thermodynamique.
L’UE est une structure auto-organisationnelle
L’UE est une structure alimentée par les budgets nationaux (énergie primaire donc du système ouvert). L’objectif poursuivi est de réduire l’entropie (le désordre) et donc les conflits internes de l’ensemble des Etats-Nations considérés individuellement et de mieux organiser les tâches pouvant relever du principe de subsidiarité.
Etat de l’Union européenne en 2017 - source : geoconfluences.ens-lyon.fr
L’UE dispose de nombreuses structures dont le Conseil européen, le Conseil de l’Union, la Commission et le Parlement pour ne citer qu’elles. Ajouter à cela, l’Union économique et monétaire, l’Euro groupe et la zone euro. Les décisions nécessitent l’unanimité, la majorité simple ou la majorité qualifiée selon le niveau (Conseil de l’Union ou Parlement).
Mais qui sont les réels acteurs européens ?
Le président du Conseil actuel, Donald Tusk, a été nommé malgré l’opposition farouche de son Etat d’origine (la Pologne). Les commissaires, non-élus, qui sont à l’origine des directives européennes, sont des hommes politiques nommés par leur gouvernement.
Fonctionnaires : L’UE emploie 55.000 fonctionnaires dont 38.500 permanents. Bruxelles dispose également de 52 agences administratives qui comptent 8000 agents. Rappelons que déjà en 2013, ces fonctionnaires gagnaient en moyenne 6500 euros nets par mois, compte tenu de la part très importante de hauts fonctionnaires, et disposent d’une retraite moyenne de 6000 euros mensuels.
Eurodéputés : Les 751 eurodéputés bénéficient d’ une situation financière privilégiée : rémunération nette de 6 611 euros après déduction de l’impôt européen et des cotisations sociales (sans compter les indemnités journalières). Elle peut également être imposée dans les États membres.
Le parlement européen en session – source : europa.eu
Rémunérations : Si cela reste de l’ordre de grandeur des rémunérations des députés des parlement nationaux de l’Europe de l’Ouest, il faut noter l’écart considérable avec les députés nationaux de l’Espagne (2800 €), du Portugal (3680 €) sachant que les parlementaires Roumains et Bulgares touchent moins de 1600 €.
En cas de Brexit, l’Italie et l’Espagne demandent que les postes de députés rendus libres soient à nouveau répartis entre les Etats et non pas diminués.
Cette concentration de hautes compétences et d’ambitions légitimes de carrière à Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg crée une irrésistible tentation pour cette technostructure d’étendre son champ d’intervention à tous les domaines politiques, économiques, sociaux, environnementaux et normatifs. Les directives et règlements européens traitent alors de tous les sujets, puisque 80% des lois votées en France sont de simples transpositions de ces textes européens, qui prévalent sur les textes nationaux.
Un processus destiné à se développer inéluctablement
Le processus d’auto-organisation inéluctable de la technostructure ainsi présenté a joué pleinement son rôle puisque l’UE compte aujourd’hui 28-1 Etats membres (avec la sortie du Royaume-Uni à terme) et sans compter les élargissements à venir vers les Balkans, l’Ukraine soutenue par la Pologne, sachant que la Turquie n’est plus évoquée.
Comme nous avons voulu le montrer la situation de l’Union européenne ne peut que continuer à se complexifier. Mais, ce processus sera de moins en moins compréhensible et donc maîtrisable pour obtenir l’adhésion des peuples européens. Déjà par son nombre très important d’acteurs, actifs et passifs, l’UE génère une pléthore de mini-structures au travers d’un système complexe peu identifiable.
Nous aurons l’occasion dans un prochain article sur les conséquences du « système » (2/2) de montrer avec des exemples concrets comment ces accumulations de structures finiront par générer elles-mêmes l’« entropie », mal qu’elles étaient supposées éviter.
Georges Seguin