Si le problème de l’emploi dans sa globalité est très difficile à résoudre, il est néanmoins possible de l’appréhender simplement dans l’énoncé de ses raisons et de ses conséquences. Mais il ne faut jamais oublier que c’est l’entreprise qui crée de l’emploi. Encore faut-il qu’elle en ait ou qu’elle s’en donne les moyens.
Cette affirmation ne signifie pas pour autant que les solutions spécifiques à trouver ne soient pas complexes dans leur élaboration comme dans leur mise en oeuvre et que leurs résultats soient spectaculaires et immédiats. Cette réflexion se place en dehors de toute interférence de l’Etat. Ce pourrait faire l’objet d’un autre débat. Ici, c’est de l’entreprise face à elle-même qu’il s’agit.
L’influence de l’existant
Sur fond de mondialisation, tous les facteurs économiques aggravants, les intérêts financiers, les enjeux politiques nationaux et européens, les particularismes sociaux et les exceptions corporatistes sont des réalités. Ils compliquent la lecture de l’énoncé du problème au point d’en faire perdre le fil. Ce chaos en temps réel de surinformations disparates, d’importances relatives inégales, détourne progressivement l’attention de l’essentiel et en pollue les données.
Les PME, PMI comme les ETI, sans parler des TPE et des PE, ne créent d’emplois qu’en fonction de leur besoin. Ce besoin est lié avant tout à leur activité et par-là même à la demande qui vient principalement du marché, donc du client et de ses commandes. L’activité commandée ou non crée à terme le besoin et régénère la demande. Cette politique de la demande a ses limites. La concurrence liée aux coûts de production, la baisse et l ‘évolution du besoin peuvent faire facilement basculer l’activité, le carnet de commande et l’emploi.
Favoriser une politique de l’offre
Ces mêmes entreprises pour se développer consolider, préserver ou anticiper toute forme d’activité doivent favoriser et encourager la R & D, l’innovation, et l’anticipation des besoins. Ce sont des atouts indispensables pour assurer le futur de l’entreprise. Réduire le sous-emploi par la formation c’est avant tout préserver les emplois qui existent et éviter les délocalisations. Le fait d’adapter, de former, de reconvertir est une forme de création d’emplois. Mobiliser et dynamiser sont deux absolues nécessités pour restaurer la confiance. Il est urgent de retourner aux valeurs de base et aux fondamentaux de la relation de travail. Il importe de parler en termes de buts par rapport aux tâches, de rôles par rapport aux postes, enfin de compétences par rapport aux actions. Il faut restaurer le dialogue social et mieux associer le personnel aux décisions. Valoriser les rôles de chacun, décentraliser les décisions, déléguer autant que possible, responsabiliser les plus aptes comme partager le pouvoir d’agir sont autant d’actions indispensables qui contribuent activement à sauver l’emploi.
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Source : public.economie.net
En favorisant une politique de l’offre, l’entreprise se doit sans cesse de chercher à optimiser les compétences par rapport aux évolutions de ses activités et de ses métiers. Elle se doit de libérer l’imagination, d’encourager les initiatives, de faire preuve d’une certaine audace et de savoir prendre des risques mesurés. A terme, cet investissement, lourd dans sa mise en place, sera payant et générateur lui-même de nouvelles activités lucratives pour tous.
Des freins intrinsèques au développement
Les principales difficultés des entreprises sont presque toujours à la fois conjoncturelles, structurelles et culturelles, dues en grande partie au management défaillant des hommes à tous les niveaux. L’absence ou l’insuffisance de dialogue social contribue aussi à limiter le développement. Cette multiplicité des causes est pourtant une chance pour l’entreprise et ses salariés. Le champ d’action est vaste et la marge de progrès importante. Il faut savoir saisir ces opportunités. La crise (élément conjoncturel) n’est plus le meilleur (ou le seul) alibi à évoquer pour masquer les erreurs ou les manques. La suppression d’emplois de son côté ne peut plus être présentée comme la seule réponse à la crise. Il faut cesser de considérer l’emploi comme un coût plutôt que comme un investissement. L’humain est la véritable ressource de l’entreprise. Il ne faut pas seulement l’entretenir, il faut aussi la développer.
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Source : coach-rh.com
Il est urgent de redonner un sens à l’entreprise et de ne pas limiter son objet au service du seul profit financier. La rentabilité à tout prix a montré ses contradictions. L’infaillible décideur, le gestionnaire averti, comme le technocrate servile, ont vécu. Ils ne sont plus crédibles dans les faits. Redonner un sens à l’entreprise c’est aussi revaloriser et développer sa dimension sociale. Les suppressions d’emplois et les licenciements sans autre scrupule, quelles que puissent être les mesures d’accompagnement, ne sont pas des méthodes acceptables. L’inadaptation, voire l’inefficacité, des mesures et des décisions copiées est souvent liée aux multiples déphasages, culturels, sociaux, sectoriels et temporels qui se font jour dans leur application locale sur le terrain.
Et puis il n’est pas inutile de faire, de temps en temps, le ménage dans l’entreprise. Mais comme dans un escalier, il est peut-être préférable pour être sûr du résultat de commencer par le haut...
Le profit viendra de la performance globale de l’entreprise, du climat social et du mieux-être, il prendra enfin tout son sens. Il pourra alors s’apprécier comme un résultat et non plus comme un préalable.
Think tank CE21
R.G. & J.M.