La 5G, comme son nom l’indique, est la 5e génération de la norme pour les télécommunications mobiles. Elle commence à être déployée dans le monde depuis cette année comme ce fut le cas de la 4G il y a 10 ans et comme ce sera le cas de la 6G dans 10 ans.
Débit, latence, connexions simultanées
Que nous promet la 5G ? Principalement trois améliorations : un débit de données environ 10 fois plus élevé, une latence (ou délai de transmission) là aussi environ 10 fois plus court et un nombre de connexions simultanées plus important.
Pour y parvenir, les opérateurs de télécommunications utiliseront des bandes de fréquences plus élevés. Pour faire simple, on peut dire que plus la fréquence d’une onde est grande, plus on peut transmettre une quantité importante d’information. En revanche, la distance de transmission est plus petite, ce qui implique l’installation de plus d’antennes. Il s’agit donc de trouver le meilleur compromis entre haut débit et densité du réseau d’antennes. En France, deux bandes de fréquences sont envisagées. La première se situe entre 3.5 et 3.8 GHz. Cela correspond aux lots qui ont été mis aux enchères le 29 septembre dernier. A titre de comparaison, la fréquence la plus élevée utilisée par la 4G est de l’ordre de 2.5 GHz.
Un progrès qui n’est pas exempt de cyber-risques pour les sociétés – montage : clubespace21.fr
La seconde correspond à une fréquence de l’ordre de 26 GHz. C’est ce qu’on appelle les ondes millimétriques. C’est dans cette deuxième bande de fréquence que les gains en débit pourraient être beaucoup plus spectaculaires. Cependant, les distances de transmissions seront beaucoup plus faibles avec des contraintes comme l’impossibilité de passer à travers les murs ou les vitres. On comprend donc que les usages y seront beaucoup plus limités. L’exploitation de cette deuxième bande de fréquence n’est pas envisagée avant 2023 en France.
Un autre avantage à utiliser des bandes de fréquences plus élevées est qu’elles sont peu ou pas utilisées. Les opérateurs peuvent donc réserver des largeurs de spectre plus grandes qui permettront de mieux répartir les charges.
Une révolution pour les professionnels plus que pour les particuliers
Les particuliers risquent de ne pas être les grands bénéficiaires de la 5G. Je ne dis pas que nous ne constaterons pas les améliorations en termes de débit ou de délai de transmission mais la différence avec la 4G ne sera pas suffisamment grande pour changer notablement nos usages. Néanmoins, l’augmentation du nombre de connexions simultanées pourrait être plus visible notamment lorsque nous sommes dans des zones à forte densité humaine dans lesquelles nous connaissons parfois des phénomènes de saturation (stade, salle de spectacle, …).
Un monde de plus en plus connecté - source : Université Côte d’Azur
En réalité, le plus grand changement devrait se faire au bénéfice du monde professionnel. La réduction du temps de transmission va permettre d’obtenir des informations en « temps réel ». L’augmentation du nombre de connexions simultanées autorisera la gestion d’un plus grand nombre d’objets connectés via le réseau mobile. Ces deux points sont déterminants pour la mise en œuvre d’applications qui nécessitent à la fois une grande réactivité et une transmission en temps réel de données issues de capteurs. C’est le cas par exemple pour les véhicules autonomes, la supervision d’infrastructure (ville, usine, …) ou la télémédecine. Naturellement, les particuliers en profiteront également mais de manière indirecte.
Faut-il se méfier de la 5G ?
Trois principaux risques sont associés à la 5G. Commençons par le risque écologique. Le renouvellement des téléphones, l’installation de nouvelles antennes et l’augmentation potentielle de la consommation de données peuvent représenter une forte empreinte carbone. Mais, pour les téléphones, peut-on parler d’impact du passage à la 5G quand beaucoup de personnes changent déjà de téléphone presque tous les ans ? Concernant l’augmentation des données, comme indiqué dans le précédent paragraphe, il n’est pas certain que la 5G change considérablement les usages des particuliers.
Le risque sanitaire ne doit pas être négligé lui non plus. En France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail) sortira un rapport officiel sur le sujet début 2021. Il ne sera pas encore trop tard pour réagir. D’une manière générale, il est à noter que la 5G, comme ses prédécesseurs, sera soumise aux règles de l’ANFR (Agence Nationale des Fréquence) sur les valeurs limites d’exposition du public aux champs magnétiques. Enfin, si les études manquent encore pour les ondes millimétriques (26 GHz), il reste encore trois ans devant nous.
Fournisseurs et opérateurs sur le qui-vive… - montage : clubespace21.fr
Le dernier danger est le risque sécuritaire. Depuis que les Etats-Unis, par la voix de son Président Donald Trump, ont décidé de boycotter l’entreprise chinoise Huawei, les soupçons d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois ont fait leur apparition. Huawei est un des principaux fournisseurs des infrastructures de réseau (antennes, …) avec les européens Ericsson et Nokia. D’autres vont émerger à l’avenir. Cependant, en France, deux opérateurs (Orange et Free) ne s’appuient pas sur l’entreprise chinoise. Pour les deux derniers (SFR et Bouygues), ils n’ont obtenu qu’une autorisation temporaire pour les équipements fournis par Huawei. Il est donc probable qu’ils essaient au maximum de limiter leur utilisation et même qu’ils préparent leur remplacement à court ou moyen terme.
Elargissons le débat
L’arrivée de la 5G, comme d’autres évolutions technologiques, entraîne son lot d’interrogations et elles sont légitimes. Mais, ne restreignons pas le débat à un pour ou contre la 5G. L’important est ce que nous en ferons.
Quel lien social souhaitons-nous établir entre nous ? Quel est le bon compromis entre le partage de nos données et le respect de notre vie privée et de nos libertés ? Jusqu’à quel point acceptons-nous de déléguer nos prises de décision à une intelligence artificielle ? Comment satisfaire les besoins de tous sans épuiser les ressources finies de notre planète ?
Il ne s’agit pas d’adapter nos usages aux possibilités offertes par la technologie mais plutôt d’utiliser celle-ci pour nous permettre d’apporter un réel progrès pour l’humanité. Nous l’avons peut-être un peu oublié ces dernières années avec la révolution numérique.
Olivier Martineau