Les élections législatives du 12 décembre 2019 ont donné une victoire éclatante au Premier ministre conservateur Boris Johnson, lui permettant de tenir sa promesse de faire quitter l’UE par le Royaum-Uni le 1er Février 2020. Le processus, initié par le referendum du 26 juin 2016, trouve ainsi son épilogue 3 ans et 6 mois après son déclenchement.
Le Brexit aura bien lieu !
Boris Johnson, dont le modèle populiste est Donald Trump, a été élu à la tête du parti Conservateur le 23 juillet 2019 et est devenu le nouveau Premier ministre. Il achèvera le processus.
Boris Johnson devant les députés de la Chambre des Communes – source : l’Express
Le Royaume-Uni a toujours été un contributeur important. Dans les faits, sur un budget total de 135 milliards d’euros, la Grande-Bretagne y participe à hauteur de 12%, se classant au 4ème rang derrière l’Allemagne, la France et l’Italie. Mais nos amis britanniques déjà en dehors de la zone euro, avec leur propre monnaie, sont aussi hors de l’Espace Schengen pour ne parler que de ces singularités les plus visibles. Il ne faut pas oublier qu’au plan européen, les dirigeants britanniques ont quasiment en permanence contribué à tort ou à raison à freiner leur intégration dans l’UE.
Un net ralentissement de l’immigration
Décidés à renoncer à accepter une politique d’immigration et des directives économiques dictées par Bruxelles, les partisans du « Brexit », puisque la question était posée, se sont mobilisés. Ils ont, à la surprise générale, remporté le vote.
Le niveau de l’immigration européenne au plus bas au Royaume-Uni – source Atlantico
Dans la précipitation, chacun a cherché à qualifier ce vote de « populiste ». Peu importe, le résultat est là. Le Royaume-Uni se déchire. Ce vote sur le « Brexit » a surtout révélé de profondes fractures, sociales, économiques, culturelles et aussi géographiques.
Et si la démocratie directe faisait peur aux démocrates ? C’est ce qui ressort des premières impressions quand elle n’est pas favorable aux intérêts des perdants.
Pas de dommage sur l’économie britannique
Le « filet de sécurité », prévu pour éviter le rétablissement d’une frontière entre les deux Irlande, a été révisé. Boris Johnson a accepté d’avoir des contrôles douaniers aux points d’entrée en Irlande du Nord. Ce compromis permet d’éviter les contrôles des personnes à la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
La City, première place financière européenne – source : Wikipédia
Le 1 février 2020 s’est ouverte la période de transition pour permettre de négocier le traité sur les futures relations entre l’Union et le Royaume-Uni. Durant cette période, le Royaume continuera d’appliquer et de bénéficier des politiques européennes (comme le marché unique) mais sans pouvoir participer aux décisions de l’UE.
Compenser le manque à gagner pour l’Union Européenne
On aurait pu s’attendre à ce que le départ du Royaume-Uni s’accompagne d’une « réduction de voilure » des institutions permanentes et du budget de l’Union, d’un niveau proportionnel à la population et au PIB de l’État partant. Il n’en a rien été. Le budget ne fait qu’évoluer à la hausse mais jamais à la baisse !
Le financement de nouvelles politiques comme l’équipement des armées, la gestion des frontières extérieures, ou encore la gestion des migrations nécessitera par ailleurs un budget minimum de 11 ou 12 milliards d’euros par an. Donc il faudra 24 ou 25 milliards d’euros supplémentaires.
Enfin la période de négociations qui commence, en principe pour onze mois, durant lesquels le Royaume restera gouverné selon les normes européennes, sans accès au pouvoir de décision, créera un sentiment de frustration auprès des populations. Les conditions du futur traité avec l’UE seront aussi une source d’inquiétudes.
Ne pas oublier le Commonwealth !
Le Commonwealth reste une précieuse garantie de la souveraineté britannique ! Il s’agit d’une organisation intergouvernementale composée de 53 États anglophones, qui sont, pour la plupart, d’anciens territoires de l’Empire. Ainsi la Reine Elizabeth II, chef du Commonwealth, est chef d’État de 16 royaumes.
La Couronne britannique à la tête du Commonwealth – source : Le Monde
En conclusion : « Star wars » et le Brexit…
Le Commonwealth reste une précieuse garantie de la souveraineté britannique ! Le Royaume reste ouvert au grand large des continents et au monde anglo-saxon, notamment nord-américain et pacifique, par la langue, la culture, les règles constitutionnelles et juridiques…
Dans la saga « Star wars », l’Empire galactique mobilise toutes ses forces contre la planète rebelle qui conteste son autorité. On peut craindre que l’Union européenne agisse de même pour contrer la rébellion britannique. Celle-ci pourrait en effet représenter un exemple pour d’autres nations européennes, qui seraient tentées de se soustraire à l’hégémonie de Bruxelles.
La période de négociation de 11 mois, qui s’ouvre pour aboutir au traité sur les relations futures entre le Royaume et l’Union, sera un champ clos semé d’obstacles économiques et politiques.
Georges Seguin