L’exercice du pouvoir, à tous les niveaux, est étroitement associé à la notion de responsabilité à durée limitée, ce que beaucoup ont une fâcheuse tendance à oublier. Seul le pouvoir au service d’un objectif ou d’une mission avec un contrat de résultats gardera un sens. C’est cette responsabilité, qui utilise le pouvoir comme moyen d’action, qui a un sens véritable. Elle implique par définition des devoirs, des droits et l’acceptation implicite du risque d’une remise en cause permanente.
Il est vrai qu’en dehors des réajustements politiques, faisant partie des règles admises de l’alternance, les limogeages ou les démissions forcées sont suffisamment rares pour faire la une des journaux spécialisés. Hors affaires judiciaires et malversations, cette forme d’impunité garantie dans l’exercice du pouvoir, dont la plupart de nos dirigeants n’ont pas besoin, vient ternir leur image de responsables, occultant la possibilité de remise en cause.
Pouvoir et responsabilité sous-entendent « remise en cause »
Les missions ne sont pas éternelles et de tout confort. Les besoins de l’entreprise évoluent au gré des échéances et des circonstances. La mobilité de fonction ne s’applique pas sans discernement. Tous les responsables ne sont pas interchangeables à l’infini. Le souci de la performance oblige à revoir en permanence l’adéquation des hommes et des rôles. Il faudra perdre cette habitude qui consiste à se débarrasser par le haut des personnes dont on veut se séparer ou à garder éternellement en fonction celles pour lesquelles il n’existe pas de poste à leur proposer. Il y a bien d’autres manières d’utiliser leurs compétences et de faire valoir leur expérience !
Approche globale des responsabilités - source : energie-developpement.blogspot.com
La rente de situation, le secteur tranquille protégé, la responsabilité par tradition ou par habitude sont devenus de véritables fléaux qui minent l’entreprise dans sa cohérence, sa réactivité et sa dynamique. C’est ainsi que toute hésitation à remettre en cause l’attribution d’une responsabilité de pouvoir détruit aux yeux de tous la valeur même du contrat. Trop souvent en tergiversant, la hiérarchie par peur de se déjuger montre le mauvais exemple.
La responsabilité se mérite même si elle admet l’erreur et la maladresse. Dans la relation naturelle à l’autre, le pouvoir se déploie dans des interactions multiples. Le pouvoir s’exerce selon un jeu de relations par définition qui ne sont pas égalitaires, souvent qualifiées de hiérarchiques. C’est un contrat de confiance qui donne un sens au travail et au rôle à tenir. Il appartient de le respecter sans faillir, dans un esprit d’ouverture, en ne tolérant ni l’injustice, ni le mépris de l’individu, surtout dans ce qu’il a de plus cher, c’est-à-dire sa dignité.
Savoir maîtriser les leviers utiles pour expliquer et convaincre – source : journaldunet.com
Mais, en situation de crise, la notion de la responsabilité ne s’arrête pas là. Les enjeux et les donnes ne sont plus les mêmes, ils sont ailleurs. Aussi, ce qui me paraît plus important et le plus urgent, c’est de pérenniser la qualité du pouvoir en veillant à utiliser au mieux les ressources et les compétences de l’entreprise. Pour maintenir et développer cette capacité de relève, il importe de montrer l’exemple au plus haut niveau de l’entreprise, en récompensant et en sanctionnant à bon escient.
Quant à la remise en cause du « top » des dirigeants…
D’ailleurs, pour le « top » des dirigeants de grandes et très entreprises, ils seraient, « sur le papier », également concernés par cette notion de remise en cause, à une échelle et dans un environnement qui sont très différents. Le maintien sans condition l’emporte presque tout le temps. Si de mauvais résultats permanents peuvent servir de marqueurs inconditionnels, les faits nous prouvent qu’ils ne sont pas déterminants !
Il est vrai qu’en dehors des réajustements politiques, faisant partie des règles admises de l’alternance, des limogeages, des démissions forcées ou des départs à la retraite anticipée, ces remises en cause sont suffisamment rares pour qu’elles interviennent à la « Une » des quotidiens ou de journaux spécialisés.
Hors affaires judiciaires et malversations, cette forme implicite d’impunité, garantie dans l’exercice du pouvoir, dont la plupart de nos dirigeants n’aurait pas besoin, vient ternir leur image de responsables, en occultant la possibilité de remise en cause pourtant indispensable pour assurer leur crédibilité…
Jacques Martineau