Face à la mouvance politique et économique actuelle, dans un contexte de mondialisation des marchés, avec une Europe à 27, la Chine, l’Inde et les pays émergents qui poussent, nos vérités et contrevérités s’estompent. Le Monde bouge. Les profonds changements dont nous n’avons pas encore mesuré l’ampleur, viennent bouleverser nos habitudes. Les premières touchées sont nos entreprises de taille moyenne, leurs dirigeants, les femmes et les hommes qui les composent. Autant dire nous tous…
Source : LMI France
C’est en termes de survie de ces entreprises que le problème se pose aujourd’hui. Et c’est bien en termes de renaissance, bien sûr d’adaptation et surtout d’anticipation qu’il faudra le résoudre. L’échec en la matière n’est pas une fatalité. Les grandes multinationales échappent en partie à cette remise en cause.
Toutes nos entreprises en revanche ont besoin de vrais dirigeants responsables, courageux qui sauront enfin faire abnégation de leur personne pour orienter, réfléchir, choisir et savoir décider. Il faut qu’ils admettent de se remettre en cause, de reconnaître leurs erreurs, ce qui ne doit pas les priver du sens de l’écoute, de la communication et de la relation aux autres. Les petites et moyennes entreprises le comprendront plus rapidement, si ce n’est déjà fait pour un bon nombre d’entre elles.
Cela est très différent pour nos grandes entreprises multinationales. Cette étiquette de grand manager ou capitaine d’industrie, dont on qualifiait très souvent leurs responsables, est désormais dépassée. Valable pour certains, héritée ou usurpée pour d’autres, elle ne peut plus être un critère d’excellence comme elle le fut pendant les trente glorieuses. Ce retard comme ce refus d’adaptation au changement permanent, à tous les niveaux de notre société, qui sont autant dans nos têtes que dans nos habitudes, entretiennent et aggravent cette situation de crise.
Ces grands ensembles publics ou privés pullulent de managers qui certes contribuent, chacun à leur manière, au fonctionnement et au progrès de leur entreprise, mais qui n’osent pas ou ne peuvent pas prendre d’initiatives ou faire valoir leur point de vue, au risque d’être écartés. D’autres, plus préoccupés par leur carrière, resteront-ils dans la frilosité de ces managers suiveurs, adeptes du silence et de la langue de bois ?
Pourtant, la grande majorité d’entre eux resteront des alibis. Seuls quelques-uns auront peut-être plus de chance d’être de futurs promus, entretenant la dégénérescence d’un système subtil d’auto cooptation. Mais cela ne pourra plus être acceptable. Une des clés qui permettrait de s’affranchir d’une partie de ce malaise profond, passe par un nouveau choix des hommes. La France s’y refuse. Un simple regard sur le Cac 40 confirme ce constat.
Au moment où des décisions économiques et sociales déterminantes s’imposent, tandis que le progrès scientifique et technologique s’affirme, la créativité et l’innovation, comme l’audace et l’initiative, associées à la capacité de prise de risques, seront les atouts majeurs des gagnants de demain. Indispensables pour l’avenir de notre société.
La liberté d’entreprendre, dans son acception la plus large, ne doit plus s’adresser simplement au créateur ou au chef d’entreprise. Elle concerne l’ensemble de toutes les femmes et de tous les hommes, sans distinction et discrimination, quel que soit leur position dans l’entreprise. Et ce, dès lors qu’ils possèdent ce petit plus stratégique qui leur permet d’analyser, d’imaginer, de créer, d’orienter, de décider, de mobiliser et de rassembler avec foi autour de projets porteurs, en s’appuyant sur un ensemble de valeurs partagées.
C’est de ce leadership dont nos entreprises, toutes catégories confondues, ont le plus grand besoin. Le paradoxe, c’est que la plupart d’entre elles disposent en leur sein de tous les atouts et des potentialités nécessaires et suffisantes qu’elles sont pourtant incapables de révéler, quand elles ne s’acharnent pas à les étouffer...
Nul doute que nous vivons une période charnière de profondes mutations. Le passage tant annoncé à l’ère post-industrielle, à celle de la valorisation du savoir et de l’être, de l’environnement, de la production immatérielle, des services et de la communication directe est définitivement engagée. Pour autant, la production en France et l’entretien comme le développement d’un nouvel outil industriel ne doivent pas être négligés. Ce serait même une grave erreur. La valeur ajoutée est l’atout principal. Par un manque de référence ou de modèle transposable, cette transition vers le futur, lente à l’échelle de nos soucis quotidiens, se fait d’un pas hésitant, rempli d’embûches.
Signature de notre passé, de toutes nos valeurs et de tous nos propres acquis technologiques, économiques, sociaux et culturels, l’avenir, plein d’incertitudes et de complexités, se construira coûte que coûte, avec ou sans notre concours. Mais, suivant notre choix, soyons conscients que nous ne le vivrons pas du tout de la même façon...
J.M.