La Commission de Bruxelles doit faire attention. Elle peut se disqualifier avec ses abus et son ingérence permanente dans la vie des États. Sa politique incohérente, commanditée par le Conseil européen, n’est pas une référence. Ses décisions ne sont pas adaptées à la résolution des problèmes que l’Union rencontre, tant sur le fond et la forme, que dans le contenu.
Une UE à 32 et après...
Une Union européenne (UE) à 28 ou plutôt à 27 pays (Brexit en cours) est déjà difficile à gérer, sans parler de la zone euro qui en concerne 18 d’entre eux, partisans ou soumis au régime de l’euro et de la monnaie unique. Quand on pense qu’il serait question d’élargir l’UE à 32 pays ! La Commission et le Conseil européen, sous la houlette de l’Allemagne, se sont soumis au service d’une politique désordonnée de rigueur, de réduction du déficit et de la dette, sans tenir compte de la réalité économique, sociale ou politique de chacun des pays.
Nouvelles candidatures pour adhérer à l’UE – source : lefigaro.fr
Le modèle allemand, en référence permanente, dessert l’UE et la zone euro
Pour l’ensemble des partenaires, de l’UE ou de la zone euro, être soumis à la prédominance permanente d’un pays n’est plus supportable. Autant l’axe économique franco-allemand a un sens, autant l’axe politique entre les deux pays s’apparente à une duperie. Le véritable leadership européen, politique et stratégique, ne peut pas se résumer à une hégémonie, celle d’un gouvernement allemand, tenue par la politique de sa majorité de coalition. Un modèle n’est qu’un exemple et ce serait alors manquer d’imagination que de ne penser qu’à le copier. Les prochaines élections ne devraient pas modifier l’approche de l’Allemagne et son influence au niveau de l’Union…
De plus l’enchevêtrement de l’Union et de la zone euro contribue à bloquer la recherche de solutions pour la monnaie unique. La Banque Centrale européenne BCE, autorisée officiellement à prêter de l’argent à faible taux ou à racheter de la dette souveraine des pays de l’Union, ne parvient pas à faire sortir les pays de cette contrainte d’austérité et de chômage.
La BCE maintient ses taux directeurs – source : challenges.fr
Mais il ne faut pas s’y tromper, l’unanimité n’est que de façade
Les clivages sont importants entre l’Europe du Nord et celle du Sud. La Grèce en sait quelque chose et n’est pas sortie de son ornière. Entre les pays de l’Est et de l’Ouest, les divergences sont énormes. Les travailleurs détachés compliquent le système. Chaque pays a son propre modèle social. Les Français tiennent au leur, même s’il doit évoluer. Mais, ce n’est à aucun pays et certainement pas à l’Allemagne de chercher à imposer son modèle. Le « suivisme » permanent n’est pas une façon d’agir satisfaisante. Les aspects les plus significatifs sont à propos de la non intégration dans l’espace Schengen pour l’Irlande et la Grande-Bretagne dont le Brexit se confirme. Quant aux comparaisons avec la Suède et le Danemark, il ne faut pas oublier de préciser que ces deux pays ne sont pas dans la zone euro ! La Pologne, la Hongrie, voire l’Autriche, pour ne citer que ces pays, ont aussi des points de vue et des visions du futur très différentes.
Le Conseil européen du 22 juin dernier à Bruxelles - source : consilium.europa.eu
Au niveau du Conseil européen, il ne faut pas se faire d’illusions. L’unanimité n’est en général qu’apparente sur la forme. Elle est surtout destinée à créer un trompe-l’œil. Lui-même est un genre pictural destiné à jouer sur la confusion de la perception voire l’illusion du spectateur devant un tableau. Toutes les décisions qui sont approuvées font l’objet de nombreux consensus, préalablement négociés en coulisses, avec quelques passe-droits compensatoires.
Quant à la politique internationale, ce n’est qu’un leurre.
Evidemment, à l’échelle de l’Union européenne, il n’y a pas de réelle cohésion au plan diplomatique. Le « chacun pour soi » reste la règle du jeu. En ce qui concerne les opérations extérieures militaires, c’est surtout la France et la Grande-Bretagne qui en assument l’essentiel. En revanche au Mali, en Centre-Afrique, au nord du Nigéria, au Moyen et Proche-Orient, la France est quasiment seule à intervenir. Où sont nos alliés européens ? L’Union européenne manque de cohésion et de solidarité. La crise des « réfugiés » en cours vient compliquer la cohésion de l’ensemble et est révélatrice de cette « union de façade ». La division est réelle et là encore, au-delà de quelques règles proposées par la Commission, il n’y a ni accord, ni unanimité.
Jacques Martineau