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La fracture de la mosaïque européenne (3ème partie)

Un élargissement sans fin et incompatible

Le début de notre étude sur la fracture de la mosaïque européenne a montré comment le problème des migrations a causé la fracture du Brexit et l’arrivée au pouvoir de gouvernements « populistes » dans les pays de l’Initiative des Trois mers (dont l’Autriche), les tentations en France et en Allemagne et la confusion actuelle en Italie.

Ensuite, on a souligné l’impossible harmonisation sociale et fiscale entre des pays possédant des « systèmes de redistribution » et des « intérêts financiers et économiques » divergents.

Dans cette troisième partie, nous nous proposons de voir comment nous percevons les limites géographiques et politiques de l’Union européenne (UE).

Réalité des frontières géographiques et politiques

Dans son inconscient, chacun peut apprécier les limites de sa maison et de son propre environnement. Les Français savent que les limites géographiques Est et Ouest sont Strasbourg et Brest. Mais qui en France serait capable de donner avec précision les limites de l’UE ? Pratiquement personne. C’est dans l’absence de cette « appropriation » individualisée de la « maison Europe » que réside le fond du problème et cela est insoluble.

Situation géographique de l’UE et de son environnement – source : over-blog.com



Les frontières naturelles géographiques sont en principe faciles à définir. Le rivage Atlantique de l’Europe est clair (après c’est l’Océan). La non-frontière Sud est un lac (méditerranéen) ouvert aux migrations qu’il faut craindre et donc surveiller, voire barricader. Les confins septentrionaux se perdent loin au-delà du cercle polaire Arctique. Quant aux frontières politiques quel sens leur donner ?

L’élargissement sans fin de l’UE vers le Sud-Est est à l’ordre du jour…

Entre 2004 et 2013, treize Etats ont rejoint l’UE, le dernier en date étant la Croatie. Dans le Sud-est, cinq Etats sont des « candidats officiels » à l’adhésion (Albanie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Turquie) et deux sont des « candidats potentiels » (Bosnie-Herzégovine et Kosovo). L’UE compterait alors 34 membres et plus de 600 millions d’habitants. Elle serait totalement ingouvernable sans modification radicale des structures de l’Union.

6 candidats officiels dont 2 potentiels – source : Avenir des Balkans



Lors d’une réunion les 15-16 février derniers sous présidence Bulgare, les Etats ont affirmé que l’adhésion des Balkans occidentaux (donc sans la Turquie) « est désormais une priorité pour l’UE ». L’objectif est de stabiliser durablement cette zone. Mais peu d’Etats sont réellement favorables à une adhésion rapide (Hongrie, Slovaquie et République Tchèque), ces derniers essentiellement pour créer une zone de sureté migratoire avant leurs propres frontières (Protocole de Dublin). Un sommet est prévu mi-mai sur le sujet. Pour le moins le problème est posé « sur la table ». Quid de la suite ? Nul ne le sait.

Un élargissement mis en cause au niveau européen

La fracture est dans ce cas entre les populations et les élites « politique et médiatique » pro-européennes. Les opinions publiques des Etats de l’Ouest sont majoritairement opposées à cet élargissement vers des pays de plus en plus pauvres, gardant en mémoire la concurrence et les délocalisations causées par l’adhésion des pays de l’Est. Egalement, un point essentiel qui fera obstacle à ces adhésions et que nous avons déjà évoqué : l’immigration grandissante.

En 2017, l’Albanie a déjà été le premier pays d’origine des demandeurs d’asile en France pour des motifs économiques. Mais il faut aussi tenir compte de l’influence que pourrait exercer la Russie sur les « slaves du Sud » s’ils étaient exclus durablement de l’Union. Et de toute façon, seules les perspectives d’adhésion peuvent garantir la stabilité ethnique de la région.

Conseil européen à Bruxelles – source : UE.EE



Reste aussi la spécificité de la Turquie qui affirmait encore récemment que l’adhésion était la seule option pour elle, en brandissant la menace de laisser les migrants franchir massivement la mer Egée ! Quant à l’Ukraine pro-européenne dont la simple perspective d’adhésion ouvrirait un conflit majeur avec la Russie.

La tentation du « pas de vague » sera probablement de laisser les perspectives ouvertes de sommet en sommet européens, sans prendre le risque de toucher aux Traités actuels pour la renégociation desquels il n’existe et n’existera aucune unanimité.

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