www.clubespace21.fr

Accueil > Thèmes > Activité et emploi > PEUT-ON PARLER DU RETOUR AU PLEIN (...)

PEUT-ON PARLER DU RETOUR AU PLEIN EMPLOI ? (I)

L’illusion l’emporte sur le réel

Depuis des dizaines d’année nos politiques s’acharnent à vouloir diminuer le taux de chômage. Il est préférable de parler de sans-emploi. Il n’y a de mystère pour personne que de constater qu’entre les affirmations et les chiffres officiels annoncés, le nombre de sans-emploi est sans commune mesure avec celui des chômeurs indemnisés. Seule valeur comptable dans les statistiques, INSEE inclus.

En ce qui concerne la situation économique

Un des premiers soucis en France demeure le pouvoir d’achat. La forte inflation généralisée en Europe et ailleurs n’a rien arrangé surtout dans le secteur alimentaire. Globalement cette inflation diminue désormais autour de 4%. Mais les prix ne baisseront pas. Le coût de l’énergie, gaz et électricité, n’a cessé de croître. Taxe et surtaxe se rajoutent, à propos de la fourniture, de la distribution et de l’entretien des réseaux. Les transports complètent la liste. Les salaires ne suivent pas. Quant à la croissance elle est très faible au point de risque la récession. Le FMI n’est pas optimiste. France Travail (ex Pôle emploi) ne parvient pas à satisfaire l’offre souvent très spécialisée dans des technologies avancées où l’offre et importante. A l’opposé les manques sont tous aussi importants pour les emplois mal rémunérés.

Quelques éléments de comparaison

Le souci de réduire le taux de chômage ne garantit en rien le retour à l’emploi. Pour mieux comprendre, on peut rappeler que le nombre de chômeurs indemnisé plus de 2.400.000, il correspond à 7,4% fin 2023. Déjà ce taux, qui a baissé depuis quelques années, peut s’interprété de différentes façons complémentaires : réduction de la durée d’indemnisation, chômeurs en formation, chômeurs en fin de droit, emploi passagers subventionnés, etc…
Un regard sur la réalité des chiffres (simple ou cumulés) – source : Elucid

Pour resituer le constat, une comparaison entre États s’impose à l’échelle de l’Union européenne. En moyenne pour l’ensemble, le taux de chômage moyen et de 5,9%, sachant qu’il est de 3,1% pour l’Allemagne et de 3,5% pour les Pays-Bas. Des règles du jeu différentes pour chacun expliquent les différences. A titre d’exemple, l’Allemagne à un très haut taux d’emploi à temps partiel (27,2%). Le taux d’activité est de 80% en Allemagne et de 84% aux Pays-Bas.

La mesure du taux d’activité au sens du BIT

Pour mieux comprendre, il est préférable de raisonner en termes de taux d’activité. C’est l’option choisie par le Bureau International du Travail. Le taux d’activité (BIT) fin 2023 s’élève à 73,8% de la population active. Avec les corrections dues aux variations saisonnières, on l’estime à 68,5%. C’est-à-dire avec une population active de 30,1 millions (14,7 pour les hommes ; 15,4 pour les femmes) sur une population de près de 68 millions.
La durée d’indemnisation diminue qu’en est-il des sans-emploi ? – source : Ouest-France

En fait, en moyenne au sens du BIT, un peu plus de 21 millions ont un emploi. Ce qui signifie que 9 millions de personnes en âge de travailler sont considérés comme inactives et sans-emploi ! Ce nombre concerne les 15-64 ans. L.es véritables sans-emploi non identifiés retombent à 6,6 millions. A noter qu’il n’a pas évolué depuis la dernière étude de 2014. Rappelons que les chômeurs indemnisés font partie de la population active. Qui sont ces inactifs ?

Qui sont ces inactifs ?

Par définition le BIT considère comme « inactifs » les personnes qui n’ont pas d’activité professionnelle rémunérée (même au niveau d’une heure payé par semaine) et qui ne recherchent pas activement de travail. Pour l’INSEE sont assimilés comme « inactifs » les personnes de plus de 15 ans qui sont sans-emploi et qui ne sont plus des chômeurs indemnisés. Les retraités et les plus de 64 ans ne sont pas considérés comme des « inactifs ».

En dehors de ceux et de celles qui renoncent à travailler et qui restent libre de leur temps ou contraintes par des obligations familiales. C’est un libre choix. Il existe différentes catégories de la population inactives pour le BIT, mais non comptées comme sans-emploi, par les gouvernements. Les chômeurs qui ne touchent plus d’indemnités et qui reçoivent le RSA ; les chômeurs indemnisés qui sont en formation pour retrouver un emploi. Ne sont pas désignés comme inactifs, les étudiants l’année de fin d’études ; les jeunes en quête d’emploi en apprentissage.

Une population importante est considérée comme inactive dans les faits par défaut, celle de 55-64 ans. On estime à 38% le taux d’inactivité dans cette tranche d’âge : les préretraités, les licenciés non-indemnisés, les malades longue durée ou frappé d’invalidité, les sans ressources, etc… Sans oublier les travailleurs français employés ou indépendants non déclarés.

De retour à l’info

Si ces évidences sont connues de tous, les autorités mandatées et gouvernementales évitent d’en parler par simple « oubli » et volonté de ne pas le faire savoir. Des dizaines d’aides en tous genres, nationales ou locales, tentent de compenser et de masquer l’existence des sans-emploi. Ces dépenses sont un coût pas toujours justifié pour l’État et les contribuables. Les dispositions légales pour réduire le chômage indemnisé sont complexes. Les organes officiels sont souvent débordés et les résultats ne sont pas à la hauteur des efforts accomplis.
France Travail remplace Pôle emploi à quand les résultats… - source : France-travail

Les sociétés, surtout les moyennes et les petites ont toujours été vigilantes au recrutement de personnes issues du chômage ou de longue période d’interruption de travail. Faute d’autres recrues peut-être disent certains, sauf pour des tâches de faible qualification. S’ajoutent des paramètres flottants qui perturbent les décisions : le contexte économique, la situation du marché et l’état des finances de l’entreprise, son avenir et ses perspectives de développement. Les charges sociales, patronales et salariales débordent. Embaucher un nouveau salarié devient un coût et non plus un apport à valeur ajoutée.

De leur côté, un nombre significatif de chômeurs et de sans-emplois profitent du système. Loin d’être conquis par un retour à l’emploi, ils suivent des formations sans-issue et compensent par un job non déclaré ou leur propre « travail au noir » avant de préparer un départ anticipé à la retraite. Il existe aussi des dizaines de façons de contourner les obstacles. Dernière allusion à des embauches à durée déterminée entrecoupée d’importantes périodes de chômage indemnisé, suivi à nouveau de formation !

Comment s’en sortir ?

Nous aurons l’occasion d’expliquer dans un prochain article (II) qu’il existe des solutions possibles pour pallier, certes qu’en partie, mais de façon significative, pour réaliser des économies budgétaires supérieures à 10 milliards d’euros et contribuer au retour assuré de plus d’un million de personnes chômeurs ou sans-emploi.

C’est pourquoi oser dire que nous sommes près du plein emploi est une vraie tromperie !

Jacques Martineau

Retour Déjà parus

Nous contacter - recevoir la « lettre »

Pour tout contact, commentaire, abonnement à « La LETTRE », proposition d’article ou encore commande d’un livre, remplir le formulaire ci-dessous :