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L’entreprise en France : les « Grands »…, et les « autres »…

Toute comparaison n’est pas raison !

Depuis des années, tous les discours se gargarisent du mot « entreprendre ». Le politique, les experts économiques et la presse ont toujours usé et abusé de ce mot pour parler d’activité, de relance et de croissance. Malgré de nouvelles dispositions permanentes, l’ensemble de celles-ci va sans cesse dans le même sens. Si les « Grands » (GE), leaders du CAC 40, peuvent en apprécier certains aménagements, il est difficile pour les « autres » d’en ressentir les premiers résultats.

Un point sur la conjoncture à mi-parcours en 2018

La conjoncture européenne reste relativement stable, selon la Commission de Bruxelles, malgré les tensions avec les Etats-Unis et l’augmentation des coûts du pétrole. La croissance moyenne dans l’UE et la zone euro devrait rester à hauteur de 2,1% en 2018. Cela pourrait se tasser autour de 2% en 2019. L’économie allemande est en bonne santé. Le taux de croissance en France n’est que de 0,4% fin juin. Les plus optimistes pensent qu’il atteindra 1,6% en fin d’année ! Les prévisions officielles pour 2019 sont déjà revues à la baisse à 1,7% au lieu des 2% initiaux.

Une situation particulière sur fond de remontée potentielle des taux d’intérêt – montage : clubespace21.fr



Partout dans l’Union européenne, on assiste à un recul général du taux de chômage, il redevient proche des niveaux antérieurs à la crise, tandis que la dette moyenne des pays européens est en baisse à hauteur de 84,1% du PIB (67% pour l’Allemagne). Ce n’est pas le cas pour la France avec une dette toujours en hausse à hauteur de 97,6%. Chez nous, les mêmes indicateurs économiques sont loin d’être au « beau fixe » (croissance, chômage, commerce extérieur, déficit, dette, inflation, etc.). Un pessimisme conjoncturel et politique non seulement persiste mais s’amplifie au travers de l’ensemble de la population active et retraitée.

En France, ce pessimisme ne concerne que très rarement les « Grands » du CAC 40 dont les perspectives sont beaucoup plus optimistes. Quelques chiffres sont nécessaires pour mieux comprendre cet optimisme lié aux résultats financiers. Si, au plan mondial, on attend plus de 1.350 Md$ d’intérêts versés pour 2018, on s’attend en France à un niveau d’intérêts de 50,9 Md$, soit un « plus » de 23,5%, un record absolu ! Ceci dit, 23,7% de ces intérêts seront réinvestis et seulement 5,3% de ceux-ci profiteront aux salariés. Le reste (71%) sera distribué aux actionnaires. Tout ne va peut-être pas si mal pour eux…

L’image de l’ « Entreprise » en France est facile à décrire

Les entreprises du CAC 40 par Euronext – source : boursedeparis.fr



Il y a d’abord les « Grands ». La plupart de ces ensembles (GE) sont les mieux armés, associés à quelques entreprises de taille intermédiaire (ETI), sous-traitants facilement identifiables. Ils en tirent en général un réel avantage. Le résultat de multiples réponses politiques à des pressions de lobbyings, patronal ou syndical, conduit à des montages de type « usine à gaz ». Tout ceci se traduit sous forme d’exonérations abusives, de divers « passe-droit » et d’aides hétéroclites directes ou indirectes aux entreprises (GE) qui le plus souvent font l’essentiel de leur marché à l’étranger. Le discours politique n’est jamais bien passé surtout quand Il consiste d’entrée de jeu, pour celles-ci, principalement à parler de facilités de licenciements pour réduire le chômage !

Face à cela, il y a les « autres ». Ce sont de nombreuses entreprises moyennes (ME ou MI), petites (PE) et très petites (TPE) qui n’ont pas cette chance. Elles ne profitent pas de la même considération au niveau de l’Etat face à la concurrence. N’oublions pas que toutes catégories confondues, elles représentent au sens du registre du commerce plus de 3.200.000 entités commerciales, fin 2017.

Il ne faut mélanger les genres et chacun doit rester à sa place !

En France, ces « autres » entreprises sont mal traitées depuis des années. Les changements permanents de politique économique, plus ou moins justifiés, influencent lourdement l’activité. Elles perturbent leur stabilité, leur pérennité et l’investissement.

Les « autres » entreprises sont en revanche moins lucratives et les fonds utiles leur font défaut pour assurer leur développement. Les banques sont trop souvent muettes à leur égard ! Comment investir ? L’INSEE dénote en 2017 autour de 58.000 dépôts de bilan, comparable à 2009. Un léger mieux devra-t-on dire ! La prise de risque au sens large n’est plus à l’ordre du jour. Cette catégorie d’entreprises souffre d’un manque de trésorerie, de marge nette et de soutien dans ces moments délicats. Quel sera à leur égard le rôle de l’Etat. L’outil fiscal (au détriment des classes moyennes) n’est pas la solution et il aura aussi son effet boomerang.

PME/PMI : des sources de création et d’innovation – montage : clubespace21.fr



Un défi indispensable à relever

Faudrait-il déjà être en mesure d’évaluer la part du coût de l’ensemble de ces allègements et des cadeaux fiscaux existants « réels ou cachés » pour les « Grands », d’en apprécier l’efficacité, de pouvoir les remettre en cause, avant de proposer d’autres dispositions abusives inégalitaires ? C’est un défi indispensable à relever pour redistribuer autrement ces avantages et pour contribuer au développement des « autres ».

Le caractère chronique de ce manque général de disponibilités financières entraine aussi des conséquences catastrophiques et irréversibles pour l’emploi intérimaire, pour la sous-traitance surtout celle des PE et ME/MI tributaires de la concurrence et de la course au profit à tout prix.

L’Etat a toujours été mal à l’aise dans ses choix d’autant plus que l’œil de Bruxelles est là pour valider ou contester toutes ses interventions. C’est une pseudo-indépendance qui est toujours un « bon » prétexte pour faire avaler les « contraintes ». Quels que soient ses choix, l’Etat doit faire preuve de beaucoup plus de discernement entre les géants du CAC 40 et les ETI d’une part, les ME/MI, les PE et les TPE, d’autre part, incluant les « start-up » innovantes. Un « vrai » bilan s’imposera à moyen terme pour valider ce qui ressemble trop souvent à des « mythes » économiques !

Jacques Martineau

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