www.clubespace21.fr

Accueil > Éditorial > Un déficit de 2,6% en 2017 : comment (...)

Un déficit de 2,6% en 2017 : comment l’interpréter ?

Les points de vue ne sont pas concordants…

Les prévisions budgétaires laissaient entendre un fragile, 2,9% voire 2,8% au mieux. Considérations sur une fin de mandat et après des réserves économiques, il faut voir que tous les pronostics gouvernementaux sur ce sujet n’étaient aussi optimistes. A la fin 2017 avant la fermetures des comptes, le seul objectif gouvernemental était d’annoncer que le déficit de la France allait se retrouver sous la barre des 3%. C’est « chose » faite avec un résultat de 2,6% inespéré. Ces annonces entrent à la fois dans un cadre technique et politique.

Des appréciations contrastées…

L’annonce d’un résultat de 2,6% suscite des points de vue contrastés. Beaucoup d’entre nous ne peuvent qu’être satisfaits de constater que les performances budgétaires de la France en 2017 ont été meilleures que prévues. Un tel résultat était inattendu. Avec un résultat de 2,6%, c’est la confirmation du retour sous la « fameuse » barre » des 3%, transgressée depuis 10 ans. En un an, le déficit a diminué de 0,8%. Si le résultat est satisfaisant pour les politiques et les économistes, d’autres points de vue sont plus réservés sur la façon dont il a été obtenu.

Le produit intérieur brut et ses composantes – source : Insee, mars 2018



Obtenir une réduction du déficit ne signifie pas que la dette diminue. Celle-ci se situe fin 2017 à 97% du PIB (Insee), au sens de Maastricht. La règle des 3%, qui date de 1992, n’est qu’un indicateur. Jamais revue, elle est tout à fait discutable, d’autant que le comparatif avec les Etats de l’Union européenne (UE) n’a pas de sens surtout avec l’élargissement. N’oublions pas que plus de 5 pays sont de véritables « paradis fiscaux » dans l’Union.

Comment peut-on expliquer la réduction du déficit ?

Autre point essentiel, il y a différentes façons de diminuer le déficit. Soit les dépenses sont réduites, soit les recettes augmentent. Non les dépenses n’ont pas été diminuées. Ceci est d’autant plus vrai que les prélèvements obligatoires ont encore augmenté en 2017 45,4% par rapport à 44,4% en 2016 !

Dépenses et recettes - sources : Insee, DGFIP, DG Trésor, mars 2018



Dans le cas précis, force est de constater qu’à la fois les dépenses ont augmenté (+2,5%) et les recettes aussi (+4%). Ce résultat peut-il être apprécié à sa juste valeur ? La croissance a été supérieure aux prévisions. L’Insee parle de 2% pour 2017. Comment l’expliquer ? Apparemment, l’investissement des entreprises est de 4,3% contre 3,6% de 2016, idem pour les ménages avec 5,1% contre 2,4%, tandis que les dépenses de consommation, biens et services, n’ont progressé que de 1,3%.

Quelles perspectives pour 2018, déficit et dette ?

Doit-on considérer que la situation est assez meilleure pour espérer une année 2018 sans problème ? Rien n’est moins sûr. Déjà les perspectives de croissance pour 2018 sont discutées et discutables. Un taux de croissance de 0,4% pour les 2 premiers trimestres est plus faible qu’attendu, soit 0,8% fin-juin.

Budget prévisionnel 2018 - montage : clubespace21.fr



Si les exportations françaises ont significativement progressé en 2017 de 3,5% contre 1,9% en 2016, on ne peut que constater que les importations à l’inverse ont aussi augmenté de manière importante de 4,3% contre 4,2% en 2016. Alors, le solde total commercial français est toujours négatif, même si l’écart a légèrement baissé.

Si l’Insee peut estimer le taux de croissance pour les deux premiers trimestres en 2018, il lui sera difficile d’aller plus loin dans des pronostics, sans risque. De son côté le gouvernement prévoit une croissance de 2 % en 2018 et de 1,9 % en 2019.

Ceci est d’autant plus vrai que le chômage est non maîtrisé et reste un handicap important pour l’économie, même si le nombre d’emplois à pourvoir est en forte hausse. Le nombre d’arrivées sur le marché de l’emploi reste très supérieur. C’est pourquoi, les prévisions les plus optimistes ne parlent globalement que d’un léger recul du taux de chômage à 9,4% mi-2018 contre 9,7% fin-2017.

Le déficit serait abaissé à 2,3% en 2018 et à 2,4% en 2019. Sachant qu’encore une fois le taux de prélèvement sera lui revu à la hausse à 45%, la dette, de son côté, ne va pas cesser d’augmenter en 2018 pour atteindre pratiquement les 100% du PIB !

Jacques Martineau

Retour Déjà parus

Nous contacter - recevoir la « lettre »

Pour tout contact, commentaire, abonnement à « La LETTRE », proposition d’article ou encore commande d’un livre, remplir le formulaire ci-dessous :