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Multinationales, Etats « nation » et désunion de l’UE…

Un triptyque en 3 parties pour mieux appréhender les traités de libre-échange

L’économie mondiale est dominée par la prééminence des grandes multinationales qui peuvent s’opposer, dans le cadre de leur stratégie de développement, aux systèmes juridiques, sociaux et normatifs protecteurs de certains Etats européens. L’hyper-mondialisation fait des gagnants, des victimes et des complices. Elle est aujourd’hui imparable. C’est ce que nous allons à présent illustrer en 3 parties : (1) Pouvoir et influence des multinationales ; (2) Face aux multinationales : la réponse des Etats européens ; (3) La désunion et l’incohérence de l’Union européenne. Et ceci est d’autant plus important à examiner aujourd’hui avec l’arrivée de Donald Trump à la tête des Etats-Unis et compte tenu de son point de vue sur la « globalisation »…

Georges Seguin

Une réalité à prendre en compte… en France !

(1) Pouvoir et influence des multinationales



Une multinationale est une entreprise implantée dans plusieurs pays, grâce aux filiales dont elle détient tout ou une partie du capital. Les actionnaires ne viennent pas du même pays. Elle produit des effets économiques dans plusieurs pays par l’optimisation de ses sites d’implantation : sièges sociaux dans des pays disposant d’une fiscalité favorable, intrication de montages financiers, unités de R&D (et quasi uniquement elles) dans les zones à fort potentiel scientifique (USA, Europe occidentale, Asie de l’Est mais aussi Inde).

New York, symbole du rêve américain – source : e.monsite.com



Les ateliers de production sont soit localisés dans les pays à bas salaires et dépourvus de droit sociaux, soit sur les marchés où les produits sont consommés afin de ne pas être affectés par les tarifs douaniers à l’importation ou pour pouvoir bénéficier de l’appui des autorités locales soucieuses de maintenir l’emploi.

On estime le nombre des multinationales à 80 000, pour 840 000 filiales et 75 millions de salariés. Elles représentent les 2/3 du commerce mondial. Pour ces structures protéiformes, on conçoit que les frontières et les droits nationaux des Etats puissent représenter les vestiges d’un ordre ancien.

Mais qui sont les propriétaires et les décideurs (des entreprises françaises) ?

Pour ce qui concerne la France, le capital des grands groupes du CAC40 est à présent détenu majoritairement par des actionnaires étrangers – fonds de placement américains, britanniques ou norvégiens. Il faut ajouter à cela les fonds souverains qataris, saoudiens et les placements chinois.

Paris, troisième ville économique la plus influente au monde – source : lefigaro.fr



Il existe peu de fonds de placement en actions, conséquence du système de retraite par répartition (par opposition au système par capitalisation, qui crée un capitalisme populaire). La taxation des revenus du capital a été alignée sur ceux du travail, ce qui a entrainé un arbitrage pour se reporter un peu plus sur les placements immobiliers qui cristallisent déjà une part considérable des avoirs des ménages. Les propriétaires français des structures d’origine familiale (grandes surfaces, luxe, automobile…..) résident souvent en Belgique ou en Suisse.

La réalité du pouvoir à la tête de ces grands groupes…

Devrait-on demander aux dirigeants des plus grands groupes de gérer leurs entreprises selon des critères de patriotisme, par exemple en diminuant la part des dividendes distribués dans la répartition des profits, en maintenant des sites peu rentables ? La réponse est ailleurs. Les gérants des fonds étrangers investis en France suivent la rentabilité de leurs prises de risques, participent aux assemblées générales, contrôlent les administrateurs et finalement pèsent sur la désignation des dirigeants. Ces derniers doivent en retour dégager des profits pour rémunérer les actionnaires par des dividendes. La stratégie des entreprises françaises tient compte des décisions prises par des gérants à New York, Londres, Oslo, Shanghai… ArcelorMittal, société de droit luxembourgeois, a un propriétaire indien. Ce groupe a négocié avec l’Etat français la restructuration du site de Florange qui présentait un caractère symbolique. Le capital de Sanofi est détenu à 63% par des institutionnels étrangers. La société coréenne STX construit à Saint Nazaire les plus grands paquebots du monde. Les vignobles bordelais et de Bourgogne font l’objet d’acquisitions massives par les investisseurs chinois, après Aéroport de Toulouse, Club Méditerranée, Louvre Hôtels.

Mais que faire ? Le seul remède serait que les Français rachètent massivement leurs entreprises, par un système de retraite par capitalisation (mais il est trop tard), ou en investissant vers les entreprises une part plus significative de leur immense épargne financière : 4700 milliards soit dans des placements sécurisés (livret, fonds euros de l’assurance-vie, servant en grande partie au financement de la dette publique et des logements sociaux ), soit (pour 20%) en actions ou fonds de placements investissant dans les entreprises.

Georges Seguin

La deuxième partie : (2) Face aux multinationales : la réponse des Etats européens (à paraître le 1er décembre prochain)

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